Dans la rue ...
Paris, avril 2018. J’aperçois , près de la gare Montparnasse, une famille installée au bord du trottoir, avec un petit gobelet pour recevoir quelques pièces. Un homme, une femme et une petite fille sont tous les trois assis sur un carton et sous une couverture, à même le sol. La femme dort à moitié allongée. Je m’approche et tente d’engager la conversation. L’homme ne parle pas français. J’ai affaire à une famille de réfugiés en provenance d’Afghanistan. Tout en essayant de communiquer, je montre mon appareil et propose de faire une photo. Aussitôt, l’homme réveille sa femme et tous les trois prennent la pose. Je perçois alors des étincelles dans leurs yeux. Quelqu’un s’intéresse un peu à eux.
Ce jour-là, j’ai eu nettement l’impression de franchir une frontière. Une frontière invisible qui sépare deux mondes bien différents. Celui de l’extrême précarité, des sans abri dont les territoires sont les trottoirs, coins de rue et centres d’accueil. Et puis le reste du monde, confortablement installé, qui vaque à ses occupations quotidiennes, qui ne veut pas voir la misère et qui détourne souvent le regard en passant devant un mendiant.
Cette photo des réfugiés afghans a déclenché la suite de mon travail. Désormais, à chaque occasion je franchis cette frontière pour aller à la rencontre des gens de la rue. Je découvre un monde bien loin de ce que je pouvais imaginer.